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Eros

Dans la Théogonie d’Hésiode, Éros constitue, avec Chaos et Gaïa, une des trois divinités primordiale. C’est le seul des trois qui n’engendre pas, mais qui permet à  Chaos et Gaïa de le faire. Il est beau, immortel, « dompte l’intelligence et la sagesse ». Éros (Amour) et Himéros (Désir) accompagnent Aphrodite depuis sa naissance.

Dans la théogonie des Rhapsodies, qui est la théologie orphique, Éros est à  l’origine de la création. Il nait de l’œuf cosmique issu de l’union de l’Éther et du Chaos. à€ la fois mâle et femelle, il a de nombreuses têtes d’animaux. Il engendre Nyx (la Nuit) et le monstre Échidna. Il est nommé Phanès, mais aussi Protogonosàˆrikèpaios et Métis. Dans l’orphisme, Phanès est assimilé à  Dionysos-Zagreus et Zeus le dévore et devient ainsi le Dieu souverain.

Dans Les Oiseaux d’Aristophane, Éros naît aussi de l’œuf, issu de la Nuit aux ailes noires. Il a deux ailes d’or et engendre, avec Chaos ailé et ténébreux, la race des Hommes, avant même celle des Immortels.

Dans Le Banquet de PlatonÉros est présenté différemment en fonction des personnages du dialogue. Pour PhèdreÉros est une divinité primordiale, « celui qui fait le plus de bien aux hommes », « il inspire de l’audace », « est le plus ancien, le plus auguste, et le plus capable de rendre l’homme vertueux et heureux durant sa vie et après sa mort ». Pausanias fait la distinction entre deux amours. Comme il y a deux Aphrodite, l’Aphrodite céleste, plus âgée, née d’Ouranos, et l’Aphrodite née du mâle et de la femelle, Zeus et Dioné, plus jeune et appelée Aphrodite triviale ou populaire ; il y a deux Éros, un Éros populaire, « c’est l’amour qui règne parmi les gens du commun. Ils aiment sans choix, non moins les femmes que les jeunes gens, plutôt le corps que l’âme », « ils n’aspirent qu’à  la jouissance ; pourvu qu’ils y parviennent, peu leur importe par quels moyens », et un Éros fidèle, qui « ne recherche que les jeunes gens », qui n’aime que le sexe masculin, « naturellement plus fort et plus intelligent ». Suit un éloge de l’amour vertueux, fidèle, non attaché au corps. Faisant parler ÉryximaquePlaton approuve la distinction des deux Éros faite par Pausanias et la complète : l’Éros ne réside pas seulement dans l’âme mais aussi dans la beauté, « dans les corps de tous les animaux, dans les productions de la terre, en un mot, dans tous les êtres ». L’Éros légitime et céleste est celui de la muse Uranie. « Mais pour celui de Polymnie, qui est l’Éros vulgaire, on ne doit le favoriser qu’avec une grande réserve, en sorte que l’agrément qu’il procure ne puisse jamais porter au déréglement ».

Éros est la force qui pousse les moitiés les unes vers les autres après leurs séparations par les Dieux. Celle, homme, qui s’unit à  une moitié femme devient féconde, celle qui s’unit à  une moitié homme n’accouche que de choses de l’esprit. « Les hommes qui proviennent de la séparation des hommes primitifs recherchent le sexe masculin », de sorte que la sympathie, l’amitié et l’amour les saisissent l’un l’autre, et de façon à  ne plus former qu’un seul être avec lui, « bonheur qui n’arrive aujourd’hui qu’à  très peu de gens ». Agathon le présente comme le plus beau et le plus jeune des Dieux, n’en déplaise à  Hésiode et Parménide. C’est un Dieu délicat qui « marche et se repose sur les choses les plus tendres » et « s’éloigne des cœurs durs ». Il est formé d’une essence subtile “ c’est la grâce qui le distingue –, ne peut recevoir aucune offense, est de la plus grande tempérance. C’est le plus fort des Dieux, plus fort qu’Arès même. Il est très habile car il rend poète celui qui est inspiré de lui.

Dans des traditions plus récentes, il passe pour le fils né sans père de la déesse des Naissances Ilithyie, ou selon la plupart des auteurs pour celui d’Aphrodite par Arès, voire, mais plus rarement, d’Aphrodite par ZeusHermèsHéphaïstos ou même encore par Ouranos. En tant que fils d’Aphrodite et d’Arès, il a pour frère jumeau ou cadet Antéros, dieu de l’amour mutuel, et pour sœur Harmonie.